Le 31 Juillet 2016, au jour anniversaire de la naissance du plus célèbre sorcier de tous les temps, J. K. Rowling a offert à ses fans un merveilleux cadeau : la publication de Harry Potter and the Cursed Child, une pièce de théâtre présentée comme le huitième opus de la saga au succès planétaire. Si la pièce est jouée, depuis, à guichets fermés à Londres, le livre, lui, s’est arraché à plus de deux millions d’exemplaires en trois jours aux Etats-Unis. La parution début Septembre de trois nouveaux recueils de nouvelles comme la sortie en salle (le 16 Novembre) du film Les Animaux Fantastiques, achèvent de signerle grand retour du monde magique de Harry Potter sur le devant de la scène mondiale.
Force est de constater que la magie continue d’opérer. Comment expliquer cette extraordinaire pérennité du phénomène Harry Potter – comme son incroyable succès initial ? La clé de cet engouement, qui touche enfants comme adultes, tient sans doute dans sa consistance philosophique.
J.K. Rowling parsème ses livres de passerelles avec les thèses de la philosophie la plus classique. Si elle emmène ses lecteurs, comme ses héros, suivre des cours de Défense contre les Forces du Mal à l’école de Poudlard, elle les initie aussi et surtout, et sans qu’il y paraisse, à Platon ou aux Stoïciens! Qu’est-ce que la cape d’invisibilité que porte Harry sinon une invitation à se demander, comme Platon, si le choix d’agir vertueusement relève d’une intention morale ou de la crainte d’être puni si on fait le choix du mal ? Qu’est-ce que le sortilège « Riddikulus » qui nous apprend à regarder avec distanciation ce qui nous terrifie sinon l’injonction stoïcienne à travailler surnos représentations pour détacher la réalité objective des faits de l’interprétation que nous en faisons ? Le prétendu livre pour enfants se révèlebien plus profond que l’on ne voulait bien le croire…
Plus encore, c’est toute la saga qui s’articule autour de la question essentielle de la finitude humaine. Doit-on redouter la mort ? Est-il sensé d’espérer le bonheur quand notre seule certitude est celle du tombeau ? Harry Potter nous enseigne que pour un humain avoir mal c’est comme respirer et que la douleur est l’envers indépassable de la joie. Aussi le bonheur ne consiste t-il pas dans l’anéantissement de la souffrance mais dans son acceptation comme constitutive de la vie. Le sage Dumbledore dit : « On peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres… Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière ». En ces temps obscurs que nous vivons, J.K. Rowling a rallumé la lumière du monde de Harry Potter afin de répandre sur nos vies un peu de magie.